L’huile de lin est une huile végétale de couleur jaune, produite par le pressage des graines mûres du lin cultivé. Le lin cultivé comprend deux variétés différentes : le lin textile cultivé pour ses longues fibres et le lin oléagineux dont les graines sont utilisées, entre autre, pour faire de l’huile de lin.

La délicate fleur de lin bleu et les petites graines de lin en forme de goutte

L’huile de lin, naturellement siccative

Connue pour ses capacités naturelles de polymérisation, l’huile de lin est employée seule ou mélangée à d’autres huiles dans les domaines industriels ou artistiques, principalement comme siccatif ou huile auto-siccative dans les peintures (voir la recette de la peinture suédoise avec de l’huile de lin) et les produits de protection du bois.

Elle sert également de siccatif pour les encres végétales utilisées en imprimerie, et en tant que liant de broyage dans la peinture à l’huile, ceci depuis l’époque de l’artiste peintre Jan Van Eyck (XVe siècle) (voir ici la recette recette de la peinture à l’huile de lin, inspirée de la peinture à l’huile artistique). Selon le vernisseur Watin, « elle est sans contredit la meilleure de toutes ».

L’huile de lin est l’huile la plus utilisée dans les produits de finition et/ou de protection

L’huile de lin est utilisée comme imprégnateur et protecteur des bois à l’intérieur comme à l’extérieur : protection contre l’humidité, les champignons et les insectes et contre la poussière par son caractère antistatique (voir ici la recette d’huile de protection des bois extérieurs, inspirée des recettes scandinaves).

L’huile de lin est également ajoutée comme agent plastifiant du mastic de vitrier.

Les différentes huiles de lin proposées dans le commerce

1. L’huile de lin crue
La plus basique est l’huile de lin que l’on trouve en magasin de bricolage, en bouteille de 1 litre ou en bidon de 5 litres. C’est une huile de lin crue, 100 % issue de graines de lin, sans additif, obtenue par première pression à froid.

Le fabricant précise : « Elle permet d’entretenir les bois, les carrelages bruts, tomettes, tuiles, terres cuites et les dallages et de protéger ces différents supports contre l’humidité et le gel. L’Huile de lin s’utilise aussi pour assouplir les mastics, les peintures à l’huile et enduits gras. Convient également pour redonner de l’éclat aux bois vernis et pour entretenir le linoléum. »

Mon avis
Huile extrêmement efficace, complétement naturelle, que j’utilise depuis des années et que j’incorpore dans toutes mes recettes de peintures. J’en ai toujours un bidon de 5 litres à l’atelier. Depuis peu, les fabricants d’huile de lin crue mettent ses qualités naturelles en avant sur leur étiquetage, ce qui nous permet de mieux comprendre ce que l’on achète. A noter que pour réaliser des peintures claires, on peut éclaircir soi-même son huile de lin (voir plus bas dans la partie Beaux-Arts).

2. L’huile de lin bouillie (ou cuite)
L’huile de lin bouillie est une huile de lin brute (crue) que les fabricants font monter en haute température de façon sécurisée, sans oxygène. Ce procédé augmente sa viscosité, accélère le séchage et renforce ses propriétés protectrices. L’huile de lin cuite est parfois additionnée d’additifs pour accélérer son séchage.

Mon conseil
Choisissez de préférence une huile de lin cuite, garantie sans additif, ni siccatif ; quand c’est le cas, les fabricants l’indiquent. Si vous souhaitez accélérer le temps de séchage de votre huile de lin, vous pouvez également la faire chauffer vous-même au bain marie à 50-60° (pas plus !) cela rendra l’huile plus fluide à l’application (mais elle ne deviendra pas pour autant de la véritable huile de lin cuite ou bouillie). Cette technique d’application à chaud est une méthode médiévale, utilisée pour faire pénétrer l’huile plus profondément et protéger les parquets.
Bien sûr, il faut absolument préparer le bain-marie en toute sécurité : en extérieur, dans un espace dégagé et bien ventilé, avec un seau de sable à proximité.

Dans quels cas utiliser l’huile de lin crue ou l’huile de lin cuite ?

Huile de lin crue ou huile de lin cuite ?

Si vous utilisez l’huile de lin mélangée à d’autres ingrédients (dans une peinture, une cire murale, une huile dure…) une huile de lin crue suffira amplement et séchera très rapidement.

Si les supports sont poreux (l’huile de lin est destinée à protéger des surfaces poreuses voire très poreuses type tommettes, tuiles, lames de terrasse), on dilue de l’huile de lin crue avec de l’essence térébenthine pure gemme (33 % d’huile de lin + 66 % de térébenthine pour la première couche, 66 % d’huile de lin + 33 % de térébenthine pour la seconde couche, etc. jusqu’à parvenir à 100 % d’huile de lin pour la dernière couche qui « sature » le support. On absorbe le surplus avec des chiffons).

Pour conclure, dans la plupart des cas (huile mélangée à d’autres composants ou appliquée sur supports poreux avec un diluant) l’huile de lin crue sera parfaite et séchera très vite.

Dans les autres cas (huile utilisée pure, sur supports moyennement poreux), l’huile de lin cuite ou bouillie aura une vraie utilité car effectivement les conditions feront qu’une huile de lin crue mettra du temps à sécher. L’huile de lin bouillie devient satinée au séchage.

Mon avis
J’utilise de l’huile de lin première pression à froid (crue) exclusivement, mélangée dans les peintures que je prépare (peinture Suédoise par exemple mais aussi dans la peinture à l’argile maison ou bien dans la recette de peinture au goudron de pin. Je vous garantis que ces peintures sèchent extrêmement rapidement : elles sont sèchent au toucher en 30 minutes (!) Par précaution, je conseille d’attendre quelques heures avant de passer la seconde couche (quand la 1ere couche est « sèche à coeur ») mais le séchage est très rapide.
Pour ce qui est de l’huile dure ou de l’huile protectrice scandinave qui utilise aussi de l’huile de lin crue, les retours sont extrêmement bons (et pas seulement les miens, mais également ceux des visiteurs ou des lecteurs !) les produits pénètrent bien et sèchent rapidement et normalement.

Les huiles de lin destinées aux Beaux-Arts

3. L’huile de lin clarifiée
Cette huile est une huile de lin crue qui a subi un traitement particulier : filtrée avec du sable fin puis avec du carbonate de calcium (craie) et exposée au soleil (les UV décolorent l’huile). L’huile de lin clarifiée sera moins jaune et jaunira moins dans le temps qu’une huile non clarifiée. Ses qualités photosensibles lui permettent de s’éclaircir lors de l’exposition à la lumière naturelle. Elle augmente la transparence et le satiné de la peinture artistique à l’huile.

Mon conseil
Elle est destinée aux Beaux-Arts mais si on veut s’en servir pour réaliser des préparations de peintures aux couleurs claires, on peut éclaircir soi-même son huile de lin crue. Comment décolorer soi-même son huile de lin ? Transvaser l’huile dans un bocal en verre avec un bouchon (pour plus de luminosité on peut placer une plaque de verre) et laisser à la lumière (soi en extérieur soit derrière une vitre) pendant au moins 3 à 4 semaines.

4. L’huile de lin standolie (ou polymérisée)
L’huile de lin standolie est obtenue en pressant les graines de lin à chaud à une température supérieure à 280 °C. Elle est connue pour sa haute résistance, sa grande viscosité (elle est plus lourde, plus onctueuse que l’huile de lin crue), avec un pouvoir siccatif également nettement supérieur et un jaunissement quasiment nul. Son fini est assez brillant.

Mon conseil
Vu son prix élevé, elle est à réserver à la peinture à l’huile artistique (et plus particulièrement au travail des glacis de finition). De plus, elle pénètre mal le bois, elle est donc déconseillée dans les domaines de la décoration ou de la protection des bois.

Le lin, une culture bénéfique et nourricière

C’est une des plantes cultivées les plus anciennes, avant même le blé. Du point de vue agricole, le lin est une plante « verte » : ne nécessite pas de labours, structure et enrichit les sols pour les cultures suivantes et est naturellement armée contre les ravageurs de type limaces, pucerons ou lapins.

En moyenne, 80 % du lin oléagineux (donc des graines) est destiné à l’alimentation animale, 5 % se retrouve dans les produits de boulangerie et environ 15 % est pressé pour en faire de l’huile de lin. Les tourteaux, issus du pressage des graines, sont réemployés pour nourrir les animaux tout en leur apportant de précieux omégas 3.

Répartition des différentes utilisations des graines de lin

Mise en garde !
Il faut savoir que les chiffons imbibés d’huile de lin peuvent s’auto-enflammer : il faut les immerger dans l’eau après usage ou les stocker hermétiquement dans des bocaux fermés.

Pour résumé sur l’huile de lin

> Avec une huile de lin crue, on peut préparer et obtenir des produits de finitions qui sèchent rapidement.
> Pour des couleurs de peintures claires, on peut clarifier soi-même son huile de lin crue, à la lumière du jour.
> Si l’huile est utilisée seule et non en mélange, sur des matériaux moyennement poreux, on choisira de préférence une huile de lin cuite sans additif (ou avec un siccatif sans plomb) de marques de produits écologiques.
> On peut aussi rendre l’huile de lin plus siccative en la faisant chauffer (max 60 ° ! et en prenant des précautions) soi-même au bain-marie.

+ d’Infos
Terres Inovia Guide de culture du lin – Onyx Huile de lin Gamme Bricolage – Wikipédia Huile de lin– Voir mes livres Nathalie Boisseau