Ce type de serre permet de cultiver des fruits et des légumes toute l’année. Il y règne, été comme hiver, une température constante qui permet de faire des récoltes en s’affranchissant des saisons : du raisin en hiver, des tomates au printemps, des fraises en automne, etc.
Serre semi-enterrée en Patagonie Chilienne : « Comme nous ne pouvions pas creuser profondément à cet emplacement, nous avons construit des murs avec des sacs de terre (sacs en polypropolene remplis de la terre excavée). Sur le côté ouest, nous avons construit un mur d’environ un mètre de haut et à l’est, un mur de un mètre et demi. Un grand mur sud a été construit encore plus haut pour stocker autant de chaleur que possible (le soleil traverse le ciel vers le nord dans cet hémisphère). »
Comment fonctionne la serre semi-enterrée ?
Concrètement, la terre est décaissée sur un minimum de 1,5 mètre de profondeur et le trou est recouvert d’un toit transparent. C’est tout à fait comme pour réaliser une serre en tôle transparente mais avec une hauteur de mur moindre, puisque on gagne la profondeur creusée dans le sol.
Quand on creuse, on sépare la terre végétale (du dessus, sombre et odorante) de la terre de fondation (du dessous, argileuse et jaune le plus souvent). La terre végétale est replacée sur toute la surface pour obtenir une épaisseur de terre cultivable. La serre utilise l’inertie thermique du sol, les vitrages bas permettent de bénéficier des premiers rayons de soleil le matin et de rester éclairées un peu plus longtemps le soir. En France, la température du sol oscille entre 7 et 18°C, et est hors-gel. Dans les profondeurs de la terre, les variations thermiques sont plus faibles qu’à la surface, grâce à ce que l’on appelle l’effet tampon.
L’étang doublé de sacs solidifie les bords : « Nous avons également incorporé un étang de dix mille litres pour fournir de l’humidité en été. Ce qui apporte de la fraicheur et en hiver réchauffe l’endroit grâce à sa masse thermique. »
L’origine de la serre semi-enterrée ?
Originaire de Bolivie, la serre semi-enterrée, nommée Walipini – littéralement « ilot de chaleur » – se propage depuis les années 1990 dans toute l’Amérique du sud. Elle a été développée par un ingénieur Suisse, à partir du savoir-faire de la civilisation locale Aymara ; la base semi-enterrée résiste aux vents violents de l’altiplano, les hauts plateaux boliviens et permet de cultiver de la nourriture même pendant les hivers rigoureux.
Une technique exportable ?
En Bolivie, terre de naissance de cette serre, le soleil brille environ huit heures par jour en hiver et vient taper sur le toit transparent. La cavité, quant à elle, emmagasine la chaleur et reste protégée du froid et du vent. À l’heure où le soleil se couche, la chaleur emmagasinée est restituée aux plantes cultivées. Celle-ci maintient une température constante située entre 10 et 15 °C, de nuit comme de jour, et ce, quelle que soit la température extérieure.
Quelques mois après avoir fait les espaces de culture : « Nous avons été réellement impressionnés par la grande variété d’aliments que nous avons pu cultiver, dont beaucoup n’étaient cultivés nulle part ailleurs dans notre région, comme les avocats. »
La serre semi-enterrée Walipini peut être moins performante sous les climats moins ensoleillés mais les expériences menées en France sont vraiment probantes, quelles que soient les régions. Le climat est plus doux et le concept bio-climatique fonctionne partout.
© images : Paul Coleman community.ubiquityuniversity.org (Chili)
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