Lors du dépôt d’un permis de construire, la nature de l’isolant n’est pas à renseigner ; la démarche s’attache à la forme, à la hauteur, aux matériaux extérieurs, à la bonne intégration du bâtiment dans l’environnement et le paysage.
Le remplissage du mur en bottes de paille peut être sportif ; il faut rentrer les bottes en force entre les ossatures bois
Il est donc difficile d’obtenir des données précises sur le nombre de constructions publiques ou privées isolées avec de la paille, matériau qui a le vent en poupe depuis les années 80 en région Bretagne. Depuis la mécanisation, cette terre d’agriculture côtoie intimement la botte de paille (37 x 47 cm pour une longueur variant entre 80 et 120 cm). Beaucoup de constructeurs et d’auto-constructeurs revendiquent leur choix pour ce matériau exceptionnellement performant d’un point de vue thermique – avec l’isolant paille on approche des critères des maisons passives (R ~ 7) -, économique et extrêmement abondant dans les régions céréalières.
L’isolation de cette toiture de 80 m2 nécessitera 190 bottes de paille
Pourquoi si peu d’artisans formés à la construction paille ?
Avec le réchauffement climatique et l’explosion du prix des énergies, l’isolation en paille devient une solution de plus en plus désirable (habitation chaude l’hiver et fraîche l’été). Sa proximité en fait un choix durable que beaucoup de ménages ou d’élus souhaiteraient valider.
Malheureusement, si cet isolant est complétement assurable, validé et défini par les règles professionnelles de la construction paille (publiées en 2012), les jeunes artisans, qui en sont à réfléchir à un devis assurance responsabilité civile décennale par exemple, peuvent hésiter…
Ce mur de bottes de paille recevra en finition intérieure une couche d’enduit terre, ce qui garantira une bonne régulation de l’hygrométrie dans l’habitation
Effectivement, quid du coût éventuel de la reconstruction en cas de malfaçon, d’infiltration ? La paille est gourmande en main-d’œuvre – il existe de trop rares entreprises qui préfabriquent des éléments – puisque les bottes de paille doivent être insérées une à une dans les ossatures bois. Les murs de paille sont parfaits pour recevoir des enduits terre, qui nécessitent également des bras et de la patience pour appliquer ce matériau naturel, et par définition variable.
Les ossatures en bois facilite la pose des différentes couches de l’enduit terre (barbotine, corps d’enduit, couche de finition)
Pourquoi les auto-constructeurs auto-construisent ?
Pour toutes les raisons décrites ci-dessous : même s’ils en avaient les moyens, il serait très difficile pour eux de trouver une entreprise pouvant assurer la construction de leur maison isolée en paille. Ces passionnés se lancent alors eux-même dans l’auto-construction, se documentent, se forment lors de chantiers participatifs ; leur habitation devenant à son tour chantier école puisque beaucoup de personnes cherchent à apprendre ces techniques artisanales où le travail manuel et la solidarité paysanne ont encore toute leur place.
Les chantiers participatifs permettent de se former à différentes techniques
La filière paille est très organisée et dynamique, avec différentes associations, groupements professionnels, formations, rencontres et visites de réalisations. Depuis 2012, il existe une formation Pro-paille (35 heures) que beaucoup d’auto-constructeurs (l’auto-constructeur devient tout à la fois maître d’ouvrage et maître d’œuvre sur son chantier), de jeunes architectes, des charpentiers et des maçons passent. Appuyé sur les DTU professionnels établis en 2012, cette formation pratique permet d’approfondir ses connaissances et de promouvoir la construction paille.
Formation Pro Paille dispensée à l’ENSA (Ecole d’Architecture) de Nantes
© images : 1/ Françoise Manceau-Guilhermond – 3/ Botmobil – 5/ Twiza – 6/ Réseau Français de la Construction Paille – 2/ et 4/ Esprit Cabane
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Colorés ou brut, lisses ou granulés, droits ou arrondis... Les enduits terre se sont taillés une place de choix dans la gamme des parements écologiques.
A faire soi-même ou conditionnés prêts à l'emploi, ils ont de quoi séduire : matériau sain à l'impact environnemental très faible, forte capacité de régulation de la température et de l'humidité, absorption des odeurs et des bruits, respect du bâti ancien, relative facilité de mise en oeuvre, sensualité du matériau...
Si l'on ajoute à cela une esthétique conjugée à l'impres-sionnante variété des couleurs, textures et formes possibles, alors l'envie d'en mettre chez soi devient irrésistible !
Après avoir passé en revue tous les atouts de la terre, place aux conseils de Sylvain Moréteau qui a trempé ses mains dans la terre :
Choisir la terre et autres matériaux : où trouver la terre, avec quoi la mélanger, quelles matières utiliser pour la teinter ? ...
Savoir la mettre en oeuvre : préparer la terre, doser le mortier d'enduit, s'adapter aux supports, réaliser corps d'enduit et couche de finition, choisir le bon adjuvant...
Toutes les informations sont là ponctuées de nombreux conseils. + un carnet de 20 recettes fournies par les meilleurs artisans : primaire d'accroche, enduits de toutes sortes, mur chauffant, remplissage d'une cloison ossateur bois, enduits isolants, peinture à l'argile, recettes expliquées pas à pas.
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