Ce mouvement artistique est né à la fin des années 1960 dans les grandes villes italiennes comme Turin, Milan et Rome. L’Arte povera se veut anti-spectaculaire, anti-commercial et anti-institutionnel, en réaction à la société de consommation et à la domination de l’art industriel ou conceptuel.
En effet, à cette époque, l’Italie connaît de profonds bouleversements politiques, économiques et sociaux ; l’industrialisation y est rapide et des contestations étudiantes remettent en question le capitalisme.
Arte Povera signifie « art pauvre », non pas par manque d’esthétisme, mais par l’emploi privilégié de matériaux simples, naturels ou recyclés tels que la terre, la pierre, le bois, le tissu, le verre, le métal… Comme si les matériaux bruts cherchaient à s’opposer aux produits manufacturés, sophistiqués, vernissés. C’est un mouvement précurseur de celui de la décroissance.
Ils souhaitent rompre avec la culture industrielle et la production en série et à réconcilier l’art et la vie quotidienne. Ils cherchent à mettre en valeur la matière et les forces naturelles (gravité, chaleur, végétation, lumière…). Ils privilégient le geste, le processus et l’expérience plutôt que l’objet fini et enfin ils remettent en question la définition traditionnelle de l’œuvre d’art.
L’Arte Povera s’inscrit dans un dialogue avec le Land Art, le Minimalisme et le Conceptual Art, tout en gardant une identité méditerranéenne et poétique.
Quelques figures emblématiques du mouvement, accompagnées de leurs oeuvres majeurs :

Venus of the Rags 1967 de Michelangelo Pistoletto : une Vénus classique adossée à un tas de chiffons – contraste entre beauté idéalisée et matérialité pauvre
Michelangelo Pistoletto travaille sur les miroirs et la relation entre art et spectateur.
Jannis Kounellis aime les matériaux bruts, parfois vivants (animaux, charbon, toile de jute). Untitled (12 Horses) (1969) : exposition de chevaux vivants dans une galerie.
Mario Merz utilise le néon, la spirale, les igloos et la suite de Fibonacci. Igloo di Giap (1968) : dôme en métal et en terre, symbole de refuge primitif.

Albero di 12 metri (1980) de Giovanni Anselmo : tronc sculpté dans un bloc de bois industriel, retrouvant la forme originelle de l’arbre
Giovanni Anselmo expérimente les forces naturelles, la gravité, la décomposition.
Alighiero Boetti explore les jeux de langage, les cartes brodées, le double et du temps. Mappa (1971–1994) : cartes du monde brodées par des artisanes afghanes, où chaque pays est rempli du motif de son drapeau.
Luciano Fabro produit des sculptures et des installations autour du corps et du territoire.
Giuseppe Penone travaille sur la nature, la croissance, la peau, l’arbre.
Pier Paolo Calzolari utilisation la glace, le feu, la lumière et le son.
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