Fondamental dans l’esthétique japonaise, le Wabi Sabi désigne un mouvement artistique né au XVème siècle au coeur de l’archipel Nippon et qui prône la beauté des choses imparfaites. Lié au bouddhisme Zen, en contradiction avec l’esthétique chinoise en vogue alors – lisse, opulente, sophistiquée, précieuse – le Wabi Sabi incitait à un retour vers la beauté des objets simples et modestes, rustiques et naturelles… Et posât entre autres les bases du minimalisme oriental.
Le Wabi Sabi est une révolution des codes en matière de décoration, d’ornementation, d’ameublement, d’art de la table perçu comme très provocateur au XVème siècle, voire politique ; ce mouvement sous-tendant une critique des goûts sophistiqués de la classe dominante japonaise, qui aimait étaler ses richesses.
Lié aux rituels de la cérémonie du thé, le Wabi Sabi s’est tout d’abord attaché à privilégier les services à thés grossiers, rustiques et rugueux issus de l’artisanat japonais ou coréen et à les placer au même niveau que la production chinoise. Le mouvement s’est ensuite étendu à divers domaines, jusqu’à devenir un mode de vie.
Aujourd’hui, les décorateurs s’emparent de cette tendance et l’interprètent chacun à leur manière. La simplicité est l’essence principale des objets Wabi Sabi. Indifférents à ce que l’on appelle communément le bon goût, ils sont imparfaits et peuvent même résulter d’un incident lors de leur production. En matière naturelle, de couleurs neutres le plus souvent, avec des surfaces parfois rugueuses, qui font appel au sens du toucher, les objets Wabi Sabi sont attachants. Leur manque de sophistication, leur usure, leur finitude, leur unicité nous renvoient à nous-même.
Ce que l’on pourrait prendre pour de l’ascétisme n’en est pas car la simplicité n’exclut ni la poésie ni la beauté et aide à accepter le caractère éphémère de la vie. Cette philosophie vise à se défaire du superflu, à désencombrer l’espace pour libérer le mental. Cette relative pauvreté matérielle permet la richesse spirituelle.
Les couleurs Wabi-sabi
Les couleurs de la nature sont intrinsèques de la conception Wabi-sabi. Pour déterminer si une couleur peut être Wabi-Sabi, l’idéal est de pouvoir l’observer à l’extérieur, à la lumière naturelle, pour pouvoir juger de sa subtilité. Les tons neutres mais également les roses un peu passés, les verts sauge avec des nuances brune ou grise, les blancs chauds ou les couleurs de ciels couverts sont de bonnes bases, les gris, les noirs. La couleur Wabi-Sabi n’est ni précise ou exacte, elle émane de variations subtiles, elle se révèle apaisante, ne jure pas et se marie harmonieusement à d’autres couleurs végétales, taniques ou minérales.
Les matières Wabi Sabi
Ce seront toutes les textures inhérentes à des matériaux tels que le bois, le bambou, l’argile, la pierre, le métal, ainsi que la terre cuite, les briques anciennes, la céramique, les fibres textiles comme le chanvre, la laine, le coton. Les effets de patine, de rouille ou d’oxydation, d’usure et de passage du temps apportent la conviction que les valeurs esthétiques ne sont pas diminuées par le temps, bien au contraire. Le cycle naturel de la vie s’impose également aux maisons, aux espaces, aux objets… Réparés et entretenus, ils en développent une beauté et une profondeur esthétique accrue.
Créer une ambiance Wabi Sabi
Ce qui fait tout le charme des ambiances Wabi Sabi c’est la mise en valeur de l’artisanat ou du fait main sous toutes ses formes : murs en enduit terre, poteries, pierres taillées, tissus grossiers… partout la main de l’homme.
Une maison Wabi Sabi permet à chacun de trouver sa place et de s’y sentir bien. De l’artisanat ancien, des matériaux naturels et des accessoires épurés sont les caractéristiques de ce style. Une décoration Wabi Sabi invite en outre à ralentir et à prendre le temps.
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