Le 11 mai dernier, Jérémie Pichon de la Famille Zéro Déchet est venu faire une conférence (très drôle) à Quimper. Cette famille landaise a drastiquement réduit ses déchets et changé radicalement son mode de consommation depuis bientôt 3 ans.
Jérémie nous a fait part de leur prise de conscience progressive – cet ancien éducateur à l’environnement a évoqué par exemple les quantités de déchets ramassés en montagne quand la neige fond ou les monceaux de plastique que l’on retrouvent échoués sur les plages de l’Atlantique en hiver…
« J’ai fait partie de l’association Mountain Riders et chaque année après le passage des skieurs, nous ramassions jusqu’à 30.000 mégots de cigarettes (!) C’était en 2001. Je suis également surfeur, en hiver la plage d’Hossegor ressemble à une véritable décharge…. Selon le PNUE, 200 kg de déchets arrivent par seconde dans l’océan et 100.000 animaux meurent de plastiques ingérés. Sans parler de la micro-pollution ; il y aurait cinq fois plus de micro plastique en suspension dans l’eau que de plancton. »
A l’été 2014, la famille décide d’agir et commence par ausculter sa propre poubelle. Ils la vident sur la pelouse du jardin et prennent le temps de déterminer, comptabiliser, imaginer une alternative pour chaque déchet trouvé. Ils trouvent beaucoup d’emballages et de suremballages inutiles : blisters, cellophanes, sur-sachets, etc.
« Notre motivation est de protéger l’environnement et d’offrir le meilleur à nos enfants. C’est une démarche que nous avons vécu en famille. Quand on a comnencé, on venait de voir le documentaire choc No Impact Man. On a décidé d’essayer de réduire concrètement nos déchets, on a ouvert un blog. Nous sommes passés assez vite à une poubelle par mois, puis au bout d’un an, à une poubelle tous les six mois. Cette année, notre objectif est de ne pas dépasser un bocal par an de déchets non recyclables. »
Que deviennent nos poubelles non recyclables ?
Les déchets non-recyclables sont soit enfouis (dans des centres d’enfouissements étanchéifiés car ils peuvent libérer des liquides toxiques) soit brûlés dans l’un des 130 incinérateurs héxagonaux, équipés de filtres pour ne pas laisser échapper de gaz nocifs. Une tonne de déchets incinérés produit environ 200 kilos de cendres, appelé mâchefer (polluant quand il est en contact avec l’eau) qui est utilisé en première couche dans le revêtement des routes, ou pour les terrassements dans la construction.
Jérémie poursuit : « Notre maison a subi un désencombrement pour réduire le nombre d’objets – et donc de déchets en devenir. Pour chacun, on s’est posé la question : En ai-je besoin ? Est-ce durable, recyclable ? L’exemple type c’est la gourde en inox, ça dure des années et permet d’éviter des tonnes de plastique.
Nous faisons désormais nos courses chez les commerçants locaux, chez les petits producteurs, on ne va plus au supermarché. Nous utilisons des cabas, des sacs en tissu pour le vrac, des Tup en verre avec couvercles plastiques.
Notre base alimentaire est constituée de fruits, légumes, oeufs, un peu de vrac, de la crémerie, du fromage. Nous essayons de réduire la viande à 300 g par semaine pour un adulte. Notre budget alimentaire est de 80 euros par semaine. Nous réalisons environ 30 % d’économies depuis que nous sommes passés au vrac bio et au local. »
« Pour l’entretien, il est facile de n’utiliser que quelques produits de base (Savon de Marseille, Vinaigre, Bicarbonate, Savon noir, Percabonte, Cristaux de soude…) et de fabriquer tous ses produits ménagers. C’est simple de remplacer le sopalin par des torchons, d’utiliser une brosse à légumes interchangeable…. »
Jérémie Pichon poursuit en évoquant la salle de bains :
« Les déchets avant (principalement en plastique) étaient nombreux : brosses à dents, flacons divers, cotons tiges, applicateurs, déobilles, rasoirs. Maintenant nos déchets liés à l’hygiène se résument aux brosses à dents en bois et aux flacons d’huiles essentielles. Nous avons dans cette pièce : des mouchoirs en tissu, toutes les brosses (à dents, à ongles, à cheveux) sont en bois et fibres naturelles, du dentifrice que nous faisons nous-mêmes (4 CS d’argile blanche + 1 CS de bicarbonate + 5 gouttes de HE de menthe par exemple), des lingettes démaquillantes lavables, de l’huile de calendula et du savon. »
Et les enfants ?
« Environ 80% des jouets ne servent pas ! On a donc vendu les jouets avec les enfants et gardé l’essentiel, les playmobils, les legos, les kapla, les jouets en bois. Comme les enfants adorent la nouveauté, nous achetons de nouveaux jouets pendant les vide-greniers (pareil pour les vêtements ; il y a 80 milliards de vêtements produits par an dans le monde !) et nous nous sommes inscrits à une ludothèque.
Pour les goûters exit les portions individuels, nous préparons des cookies, nous leur proposons des fruits, du chocolat équitable. Comme ça, c’est moins sucré et bien meilleur pour leur santé !
Pour Noël, nous choisissons des jouets d’occasion en nombre limité (vélo, trottinette par exemple) – En France, chaque enfant reçoit en moyenne 20 cadeaux à Noël, de quoi réfléchir… – emballés dans du tissu ou du papier recyclé. Nos enfants apprécient aussi beaucoup les cadeaux d’expérience (nuit en yourthe, accro-branches, stage de surf ou de cirque) et s’en souviennent longtemps. »
La cuisine et les sorties
« Dans la cuisine nous avons beaucoup de bocaux en verre, de casseroles en cuivre ou en inox, des corbeilles, des sacs en tissu. Les maisons Zéro Déchet sont épurées et belles ! Les matériaux privilégiés sont durables : bois, verre, inox. Pour les sorties, nous avons des gourdes, des boites à pique-nique, des pailles en inox. Pour conclure, je dirais que nous vivons mieux avec beaucoup moins, que nous sommes heureux d’agir et avons moins l’impression de subir, que nous prenons soin de la planète, de notre santé, tout en réalisant des économies. »
PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement
© images : 1/ Bénédicte Moret 2/ et 4/ Karim El Hadj pour lemonde.fr
Le site famillezerodechet.com
La page facebook.com
Pour aller plus loin
Feuilleter le livre Coudre pour une maison zéro déchet - Plus de 20 projets pour réduire son impact écologique – Séverine Jurado
sur Cultura.com
sur Fnac.com
Allier conscience écologique et plaisir de faire soi-même, c'est tout l'intérêt de ce livre ! Plutôt que d'acheter des objets du quotidien à usage unique ou à la composition douteuse, faites-les vous-même et mettez vos talents de couturière au service de la planète : essuie-tout, lingettes, éponges, sacs à vrac, bouillotte et tote-bag... Grâce aux explications claires et aux pas-à-pas illustrés, vous êtes à une aiguille d'être une guerrière pour le climat. Et bientôt ce ne sera presque plus bizarre d'entendre les gens dire qu'ils sont jaloux de vos mouchoirs et veulent les mêmes que vous.
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